Prévention

L’oreille est un organe extraordinairement complexe qui nous permet d’être en contact avec notre environnement social. Cependant cet organe est fragile.
Soumise à une charge sonore trop élevé, l’oreille souffre en émettant des signaux : acouphènes (sifflements dans les oreilles) et sensations d’oreille pleine. Dans les pires des cas, l’audition est atteinte.

L’oreille interne comporte 16 000 cellules (contre 120 millions pour la rétine). Sur ces 16 000 cellules, 13 000 amplifient le son et 3 000 permettent d’entendre. Une fois les cellules endommagées, on ne sait pas réparer (à ce jour). En clair, lorsque l’on a endommagé les cellules qui amplifient ou qui permettent d’entendre on a une perte auditive irréversible (voir plus loin « urgence médicale »).

Qu’est ce qui est dangereux ?

C’est la combinaison du volume et de la durée d’exposition. Il y a là une similitude avec l’exposition de la peau au soleil. Il est possible d’attraper très vite un coup de soleil en exposant sa peau en début d’après midi sur une plage au mois d’août sans protection solaire, de même on peut attraper un coup de soleil en exposant sa peau pendant longtemps à un soleil voilé.

Le processus du risque auditif est similaire : on peut être victime d’un traumatisme sonore en étant exposé brutalement à un niveau de bruit très élevé (c’est le cas de nombreux GI de retour de la guerre d’Irak). On peut aussi abîmer son audition des suites de fatigues auditives répétées en soumettant régulièrement son oreille à des niveaux sonores élevés (c’est le cas des musiciens qui répètent souvent).

Nous ne sommes pas égaux

Certains vont mieux résister au bruit que d’autres. Ne soyez donc pas rassuré si lors d’un concert vos amis vous disent que c’est tout à fait supportable. Il n’y a aucun moyen de savoir si on a une oreille résistante au bruit.

Qu’appelle-t-on comportement à risque ?

Il s’agit de comportements qui vont entraîner une succession de fatigues auditives : Ecoute d’un baladeur à niveau élevé, concert, boite de nuit, autoradio à fonds et pour finir endormissement avec le baladeur sur les oreilles (54% des adolescents interrogés dans le cadre d’une enquête récente déclarent s’endormir avec leur baladeur, dont 9% tous les jours (1).

Comment vient la surdité ?

A l’exception des traumatismes sonores aigus, la perte d’audition est un mal pernicieux qui s’installe progressivement, de façon très graduelle. Quand on s’en aperçoit, bien souvent il est trop tard.

Quelques chiffres :

  • De nombreuses statistiques confirment la dégradation de l’audition des 15-30 ans, des statistiques qui viennent d’études du monde entier (Amériques, Asie ou Europe…)
  • Le Journal of the American Medical Association a publié des résultats d’une étude menée en 2005-2006 auprès de 1771 adolescents qu’ils ont pu comparer à deux études réalisées dans des conditions similaires en 1988 et 1994 : 1 adolescent sur 5 présente des problèmes d’audition correspondant à la capacité auditive d’une personne de 50-60 ans, une augmentation de 30% par rapport aux résultats des enquêtes précédentes. 1 sur 20 présente une perte auditive sérieuse, une augmentation de 70% par rapport à l’étude menée il y a 15 ans (1)
  • Pour la France, il existe peu de données. On se référera donc aux quelques chiffres du Plan Surdité annoncé en février 2010 : « Une enquête a évalué que plus d’un adolescent sur 10 souffrait d’un début de surdité avec une perte auditive de plus de 20 dB » (2). « Les personnes atteintes de traumatismes sonores aigus ont été évalués à 1 400 personnes par an» (3)… la grande majorité de ces traumatismes sonores est liée à la musique amplifiée.

Que faire ?

Les traumatismes sonores aigus (TSA) relèvent de l’urgence médicale.
Il existe un protocole à base de corticoïde et de vasodilatateurs dispensé dans les hôpitaux (sur Paris : Hôpital Lariboisière 24/24 et 7/7). Ce traitement n’est efficace que pour les TSA traités sous 48 heures. Les symptômes d’un traumatisme sonore sont : acouphènes persistants (sifflement dans les oreilles), sensation d’oreille cotonneuse, perte d’audition (perte d’audition importante dans le cas de TSA).
Dans tous les cas de traumatisme sonore, il faut consulter. Il est très fortement déconseillé de soumettre de nouveau ses oreilles au bruit dans les jours qui suivent… l’oreille doit se reposer (ce qui ne veut pas dire de se mettre dans le silence complet).

Les consignes de sécurité :

Faire régulièrement des pauses lors des concerts, à l’écoute de son MP3 ou lors de répétitions (valable aussi pour la musique classique)
Ne pas se coller aux enceintes (à 2 mètres on divise le danger par 4)
Eviter le cocktail alcool, drogue, fatigue. Le corps est alors moins apte à se défendre face aux agressions du bruit
Pour les musiciens ou les personnes soumises à des expositions régulières au bruit, nous conseillons d’acheter des bouchons de bonne qualité, idéalement des bouchons faits sur mesure chez l’audioprothésiste qui ont l’avantage d’atténuer toutes les fréquences.

(1) Enquête CIDB dans le cadre de la campagne de sensibilisation et de mesure de bruit au sein des lycées d’Ile de France coordonnée par Bruitparif pour le compte du Conseil Régional d’Ile de France. Etude menée auprès de 2056 lycéens niveau seconde (âge moyen : 15 ½ ans). Le CIDB est le Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit (www.infobruit.org), Bruitparif est l’observatoire du bruit en Ile de France (www.bruitparif.fr).
(2) cité par Francilophone n°10 / novembre 2010, la revue de Bruitparif
(3) Plan Surdité Sourds et Malentendants lancé par le gouvernement en février 2010