Les vendredi 6 et samedi 7 octobre se tenait à Berlin "Future Loops" : 2 jours de conférences sur la thématique des boucles à induction magnétique (BIM), à l’initiative de la Fédération Mondiale des Personnes Malentendantes (IFHOH). Ce congrès était accueilli par l'association allemande des personnes malentendantes (Deutscher Schwerhörigenbund e. V.).
De nombreux acteurs ont été invités à prendre la parole parmi lesquels des associations, des fabricants de BIM (réunis au sein d'une association : International Hearing Loop Manufacturers), des installateurs de BIM, des fabricants d’appareils auditifs, des fabricants d'implants cochléaires, etc. Tous ont convenu que, malgré les récents progrès techniques et les nouvelles technologies disponibles, le meilleur système d’accessibilité pour les personnes malentendantes reste la boucle magnétique parce qu'il s'agit du seul dispositif gratuit et universel.
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Le numéro 5 du Colporteur, sur la prise de son, a valu de nombreuses questions à son auteur à propos des microphones et du câblage. Beaucoup aussi à propos des parasitages. Electroacoustic Consultant a donc rédigé cette édition spéciale afin de vous éclairer sur quelques-uns de ces aspects.
Les microphones
Le choix d'un micro n'est pas anodin. Les microphones se caractérisent essentiellement par leur technologie, leur sensibilité, leur directivité et leur réponse en fréquence.
Technologie dynamique. Une bobine mobile solidaire du diaphragme (comme dans un HP) se meut dans le champ d'un aimant en fonction des variations de pressions sonores. Cela génère un faible signal électrique. Il existe d'excellents micros dynamiques mais le poids de l'équipage mobile (bobine et diaphragme) limite les performances dans le haut du spectre. Ces microphones génèrent leur propre signal. Leur sensibilité est limitée. Ils peuvent interférer avec les BIM.
Technologie condensateur. Un condensateur est formé de deux plaques conductrices proches l'une de l'autre, polarisées par une tension électrique. Modifier l'éloignement des plaques module la tension de polarisation. Une des plaques généralement réalisée en Mylar métallisé de masse négligeable constitue le diaphragme du micro. Cela confère à ces microphones une grande sensibilité et une très grande subtilité de transcription. Ils ont besoin d'une alimentation externe, généralement appelée "alimentation fantôme". Les micros à "électret" sont une variante simplifiée des micros à condensateur qui fonctionnent souvent avec une simple pile.
Sensibilité. Soumis à un même niveau sonore, certains microphones fournissent un signal de sortie plus ou moins élevé. Un micro devant fonctionner dans une ambiance bruyante pourra être peu sensible afin de ne pas reprendre tous les bruits ambiants (orchestre). En revanche, il faudra parler près de celui-ci. A l'opposé, certains microphones détecteront des chuchotements à grande distance. Il existe quantités de sensibilités intermédiaires adaptées à différents besoins.
Directivité. Les microphones omnidirectionnels captent de la même façon tous les sons, quelles que soient leurs incidences. Ils captent donc avec la même acuité la parole du locuteur et les bruits ambiants. Ils sont à proscrire pour les usages qui nous intéressent. A l'opposé, les microphones "canon" sont extrêmement directifs. Les sons "hors axe" sont considérablement atténués. Entre ces deux extrêmes, il existe des microphones avec des directivités plus ou moins marquées : hypocardioïde, cardioïde, hypercardioïde. Plus un micro est directif, plus il favorisera la prise de son du locuteur au détriment des bruits ambiants, mais moins il autorisera de latitude de déplacements hors axe.
Réponse en fréquence. Un microphone de mesures devra offrir une réponse en fréquence parfaitement linéaire. Un bon micro de prise de son polyvalent devra lui aussi offrir une réponse aussi étendue et homogène que possible. En pratique, selon le type de source à capter, on choisira un microphone ayant une réponse en fréquence adaptée. Pour obtenir une bonne intelligibilité de la parole "parlée", on retiendra de préférence un micro qui atténue doucement mais précocement les basses fréquences et qui présente une petite bosse de présence dans la zone de tessiture de la voix.
Choix d'un microphone. C'est une subtile adéquation entre les caractéristiques précitées. Il faut, par ailleurs, savoir qu'un microphone est couplé acoustiquement à son environnement et qu'un même micro pourra rendre différemment d'un lieu à un autre.
Pour les conférences le choix s'orientera vers des microphones de sensibilité moyenne (environ 10 à 16 mV/Pa, soit - 35 à - 40 dB), de technologie condensateur/électret, de directivité cardioïde ou hypercardioïde, avec une réponse en fréquence adaptée à la parole "parlée".
Liaisons entre appareils
Beaucoup de problèmes sont dûs à des raccordements incorrects. Des liaisons inadaptées peuvent induire différents types de désordres : ronflements, sifflements, grésillements, bruits de commutation, détection radio, etc. L'interconnexion entre des systèmes aux normes professionnelles et grand public en est souvent responsable.
Le niveau des signaux transmis est extrêmement faible, de l'ordre du Volts, voire moins pour les liaisons entre appareils, et de l'ordre du millivolt pour les microphones. Ces très faibles signaux, qui seront à terme considérablement amplifiés, doivent faire l'objet d'un soin particulier pour conserver au signal toute sa propreté.
La présence d'une boucle d'induction magnétique impose certaines précautions supplémentaires.
Liaisons asymétriques et symétriques
Ces appellations permettent de différentier deux types de liaisons :
- Les liaisons grand public "asymétriques". Celles-ci sont en câble blindé à un conducteur. Le blindage ne constitue, en l'occurrence, que le deuxième fil. Cette conception n'apporte aucune protection contre les parasites.
- Les liaisons professionnelles "symétriques " offrant une bonne protection contre toutes sortes de désordres.

Une liaison symétrique est réalisée en câble blindé à deux conducteurs. Les prises utilisent 3 contacts. Le blindage relié à la masse constitue un véritable écran. A chaque extrémité de la ligne, un élément inverse la phase sur l'un des deux fils conducteurs. Au cas où un parasite franchirait l'écran, il affecterait de façon identique les deux fils. En bout de ligne, l'inversion de phase annule le parasite (réjection en mode commun) tout en rétablissant la phase du signal audio. La symétrisation peut être électronique ou sur transformateurs. De plus, les transformateurs assurent une isolation galvanique.
Les parasites peuvent s'insinuer dans les lignes. C'est pourquoi l'utilisation de liaisons symétriques est recommandée. Il faut que les appareils soient prévus pour cela. Quand une ligne se trouve désymétrisée (un des fils à la masse), elle perd sa protection contre les parasites. C'est souvent le cas quand on relie des appareils symétriques professionnels à des appareils asymétriques grand public.
L'alimentation fantôme des microphones se fait via les câbles micro. Le + emprunte les deux conducteurs et le - utilise le blindage. Si l'un des conducteurs est relié au blindage (mauvaise façon de désymétriser une ligne), l'alimentation fantôme est mise en court-circuit.
Quand plusieurs appareils sont reliés entre eux et sont par ailleurs branchés à la terre à des endroits différents, cela peut donner naissance à des courants "baladeurs" qui génèrent des ronflements (impédance commune). Une isolation galvanique entre les appareils est nécessaire. Elle est effective avec les liaisons symétriques sur transformateurs.
Quand plusieurs appareils sont reliés entre eux et au secteur, ils peuvent former une grande boucle dans laquelle peuvent s'induire des champs électromagnétiques (champs à boucle). Cela peut nécessiter une réorganisation rationnelle de l'ensemble des câblages audio et d'alimentation électrique.
Des désordres peuvent aussi affecter les circuits vidéo. Des transformateurs d'isolation galvanique, judicieusement placés, peuvent régler le problème.
Les boucles d'induction magnétique génèrent un champ magnétique relativement faible mais non négligeable. Elles doivent être éloignées des microphones dynamiques et d'au moins 30 centimètres des lignes "courant faible".
Quelques exemples de parasitages
Les ronflements sont généralement dûs à une masse défectueuse ou à un phénomène de bouclage de terre (impédance commune). Vérifier les soudures et les contacts de masse. En cas de bouclage de terre, comme il est interdit de supprimer la terre d'un appareil, insérer si nécessaire une isolation galvanique entre les appareils.
Les claquements, bruits de commutation, détection radio sont généralement captés par des lignes asymétriques ou par des lignes symétriques se trouvant désymétrisées. Il n'y a plus alors de réjection en mode commun. Vérifier les lignes. Insérer si nécessaire des transformateurs de symétrisation/désymétrisation aux bons endroits.
L'humidité peut entraîner des grésillements. Assécher dans la mesure du possible (sèche-cheveux).
La suppression des champs à boucle est plus problématique car elle peut demander une réorganisation drastique de l'ensemble des câblages de façon à éviter qu'une grande boucle ne soit formée par les liaisons audio ou vidéo et les lignes d'alimentation secteur.
Ces problèmes sont connus en audiovisuel et doivent pouvoir être résolus par un technicien compétent.
Avec les boucles d'induction magnétique, si les règles de l'art ne sont pas respectées, il peut apparaître une oscillation du système sonorisation/boucle, généralement perçue comme un sifflement haute fréquence.
Pollution magnétique
Normalement, la pollution magnétique n'est pas perceptible. Elle est, en revanche, directement captée par les aides auditives commutées en mode "T" en vue de recevoir le signal d'une boucle d'induction magnétique. Cette pollution n'affecte pas le bon fonctionnement de la boucle d'induction elle-même dans une installation bien conçue.
La pollution magnétique peut être due à des lignes électriques de puissance, à des transformateurs, à des gradateurs, etc. qui rayonnent. Elle se manifeste généralement sous forme d'un bourdonnement basses fréquences, plus rarement sous d'autres formes. Cette pollution doit être contrôlée et mesurée avant l'installation d'une boucle d'induction, à chaque fois que cela est possible. Dans le cas de projets, toutes dispositions doivent être prises pour éloigner les sources de pollution magnétique. L'installateur d'une boucle n'a aucun moyen de remédier à ce type de désordre.
Commentaires
Un système de boucle d'induction comporte une partie purement audio. Nous avons souligné dans notre précédent numéro que les microphones et les réglages adoptés étaient souvent inadaptés aux besoins de type conférence qui nous intéressent. L'intelligibilité de la parole "parlée" en souffre. C'est inacceptable pour des malentendants.
Pour beaucoup, les micros se valent à peu de chose près et il est inutile de dépenser des fortunes. Il serait certes superflu d'utiliser un microphone à 4000 € euros pour les applications qui nous intéressent mais il est tout aussi absurde d'acheter un micro quelconque à bas prix, surtout s'adressant à des personnes malentendantes. Tous les micros ne se valent pas. Quelles que soient leurs marques, les microphones doivent d'abord être en adéquation avec les besoins (parole parlée dans notre cas) et de préférence, être à la norme professionnelle symétrique.
Un système de boucle d'induction est souvent raccordé sur une sonorisation existante. La qualité du signal dans la boucle dépend alors en partie des réglages de la sonorisation. Pour les usages qui nous intéressent, un réglage de "tonalité" convenable consiste à atténuer ou couper les basses fréquences pour "dégraisser" le bas du spectre et mettre la zone de tessiture de la voix en valeur. Un réglage idéal est impossible avec les simples réglages grave/aigu qui équipent la majorité des appareils. Un égaliseur est généralement nécessaire. On constate, en pratique, que les réglages sont souvent inappropriés.
Il ne doit pas y avoir d'interférence entre une installation audiovisuelle et une installation de BIM réalisées dans les règles de l'art. Le son et l'image doivent être de parfaite qualité, sans aucun parasite.
Les mauvais résultats sont dûs à l'incompétence des intervenants. On constate de façon récurrente :
- Des microphones de caractéristiques inadaptées
- Des réglages audio inadaptés
- Des liaisons entre appareils non conformes
- Des configurations de boucles ne répondant pas aux cas particuliers rencontrés
- Pas de calcul du courant et de l'intensité nécessaires dans la boucle
- Des amplificateurs de boucles inadaptés
- Négligence dans la prévision ou la recherche d'une éventuelle pollution magnétique
On ne peut en vouloir à quiconque de méconnaître le fonctionnement d'un système de boucle d'induction, d'autant qu'il circule à ce propos les informations les plus fantaisistes. Certains croient savoir mais ignorent l'essentiel. Il faut former les personnes concernées à la réalité de ces systèmes. C'est une de nos préoccupations.
La conception d'un système de boucle d'induction magnétique doit être confiée à un technicien ayant l'expérience et les compétences nécessaires, et capable de remédier à d'éventuelles anomalies dans le domaine audio.
Source : Le Colporteur n° 7 - Bulletin d'information sur les boucles d'induction magnétique
(Article publié avec l'autorisation de son auteur, la société Electroacoustique consultant)
Suite : Colporteur n° 8 - Vous êtes gestionnaire de salle(s) ?
Norme 60118-4 - Test des boucles - Perturbations
A peu près tous les endroits, fixes ou mobiles, intérieurs ou extérieurs, peuvent être équipés d'un système de boucle d'induction magnétique : guichets, ascenseurs, cabines téléphoniques, bornes interactives, moyens de transport, bureaux, salles de réunion, auditoriums, amphithéâtres, hémicycles, tribunaux, salles de spectacle, opéras, salles de conférence, salles de classe, palais de congrès, complexes cinématographiques, offices de tourisme, églises, musées, maisons de retraite, halles de sport, halles d'exposition, pavillons, appartements, cabinets médicaux, gradins métalliques fixes ou télescopiques, etc. Il n'y a pas de limite théorique. Toutefois, il n'y a pas de solution passe-partout et, pour bien fonctionner, un système de boucle doit être systématiquement défini au cas par cas.
Pour apporter l'avantage attendu et être certifié, un système de boucle d'induction magnétique doit, au minimum être conforme aux prescriptions de la norme IEC 60118-4 et de son équivalent français NF-EN 60118-4.
La norme NF-EN 60118-4
La norme définit une intensité de champ magnétique :
- suffisante pour procurer un bon niveau d'écoute,
- pas trop élevée pour ne pas saturer l'aide auditive ou l'implant cochléaire.
La limite supérieure est déterminée par des mesures réalisées avec des aides auditives classiques ou implants cochléaires. La limite inférieure est fixée par le niveau de bruit électromagnétique prévisible constaté à la suite d'essais réalisés dans des écoles, églises, théâtres, etc. Dans certains cas, il peut être nécessaire de s'écarter de la bonne norme.
Le niveau moyen de l'intensité du champ magnétique est lié à la valeur moyenne à long terme d'un signal de la parole appliqué au système. Les points suivants doivent être respectés :
- le niveau de référence est 400 mA/m = 0 dB.
- l'intensité du champ magnétique recommandée à 1000 Hertz : 100 mA/m (-12 dB)
- l'intensité maxi du champ magnétique : 400 mA/m, niveau en crêtes
- la régularité du champ magnétique (et donc du niveau sonore) : =/- 3 dB dans la zone utile
- la réponse en fréquence audio : 100 à 5000 Hz à +/- 3 dB par rapport à 1000 Hz, dans la zone utile
- un rapport signal sur bruit de - 47 dB est souhaitable.
L'intensité du champ magnétique est à mesurer à la hauteur d'écoute, soit 1,20 m pour les personnes assises et 1,70 m pour les personnes debout. D'autres cas sont envisageables. Un système de boucle certifiable doit atteindre une intensité de champ magnétique de 400 mA/m = 0 dB dans les pics de programme. Le bruit de fond local (pollution magnétique) doit être mesuré. Si le rapport signal sur bruit est moins bon que - 32 dB, il doit être signalé et les mesures visant à surmonter le problème doivent être discutées avec les responsables du projet. Pour une écoute de courte durée, un rapport signal sur bruit jusqu'à - 22 dB est accepté. Les mesures doivent être faites avec un mesureur de champ FSM calibré.
La pollution magnétique est un point qu'il est indispensable de prendre en compte pour les personnes malentendantes disposant d'une aide auditive avec la fonction "T".
La bobine d'induction, incluse dans ces aides, capte les nuisances magnétiques.
Mise en service de nouvelles boucles - Tests de boucles existantes
Il peut s'agir d'étalonner une nouvelle installation ou de contrôler la conformité d'un système existant avec la norme.
Commencer par contrôler le bruit de fond pour déceler une éventuelle pollution magnétique locale.
Lors d'une mise en service :
- Mesurer la résistance de la boucle.
- Mesurer l'impédance de la boucle à la fréquence critique.
S'assurer que les caractéristiques de l'amplificateur de boucle sont compatibles avec ces éléments.
Se munir d'un FSM calibré.
- Envoyer un signal sinusoïdal à 1000 Hz dans la boucle et prérégler l'intensité du champ magnétique selon la norme.
- Contrôler l'homogénéité du champ magnétique (et donc du niveau sonore) qui doit tenir dans +/- 3 dB dans la zone utile.
- Envoyer un bruit rose dans la boucle.
- Contrôler la réponse audio qui doit tenir dans +/- 3 dB entre 100 et 5000 Hz dans la zone utile.
- Ajuster la réponse en fréquence audio avec les réglages de l'amplificateur (MLC) ou avec un égaliseur.
- Envoyer un signal sinusoïdal à 1000 Hz dans la boucle et parfaire l'intensité du champ magnétique selon la norme.
Il est ensuite vivement conseillé de procéder à des tests en vraie grandeur, sur signaux réels, avec des personnes malentendantes appareillées.
Si nécessaire, tester le débordement de la boucle. Dans le cas de systèmes exigeant une confidentialité, s'assurer qu'il n'y a pas de résurgences éloignées dues à l'induction du champ magnétique dans des ferraillages de béton, par exemple.
Un rapport de mise en service et de conformité avec la norme doit être remis au client,
ainsi qu'un moyen de contrôle du fonctionnement de la boucle.
Perturbations
Une boucle définie conformément aux règles de l'art offre un son de qualité irréprochable.
Il se peut toutefois que l'endroit où est installée la boucle soit le siège de perturbations magnétiques qui sont directement perçues par les aides auditives commutées en position "T". Ces perturbations sont normalement indépendantes de la boucle et il suffit, pour s'en convaincre, d'arrêter le système de boucle. Si la gêne persiste, c'est qu'il s'agit d'une pollution magnétique locale. Un tel dérangement peut être dû à des câbles électriques de puissance passant à proximité, au rayonnement de transformateurs, à des gradateurs ou, encore, à d'autres sources de pollution magnétique. L'installateur d'une boucle n'a aucun moyen radical pour remédier à ce type de désagrément qui doit être traité à la source. Le bruit de fond doit être envisagé et mesuré avant toute installation d'une boucle d'induction magnétique.
La pollution magnétique ne gêne que les personnes malentendantes appareillées.
Cette pollution doit être envisagée dès le stade des projets de construction ou de rénovation
car il est souvent impossible d'y remédier ensuite.
Par ailleurs, des parasites peuvent s'insinuer de différentes façons dans un système audio : par les câbles secteur, les câbles de commandes, les liaisons entre appareils, etc. Quand des appareils sont reliés à des terres différentes, il peut apparaître un bourdonnement à la fréquence du secteur (impédance commune). Quand plusieurs appareils sont reliés ensemble, ils peuvent constituer une grande boucle dans laquelle peuvent s'induire des champs magnétiques (champ à boucle). Les circuits vidéo peuvent être affectés. Un technicien audio compétent doit pouvoir régler ces problèmes qui relèvent du domaine audiovisuel.
Il faut par ailleurs prévenir les dérangements susceptibles d'apparaître quand un câble de boucle d'induction magnétique longe certains réseaux ou est proche de microphones dynamiques. Dans ce cas, une oscillation peut affecter aussi bien la sonorisation que le système de boucle.
Il faut éloigner les fils de boucle des microphones dynamiques et des réseaux de courants faibles tels que les lignes audio, vidéo, informatiques, téléphoniques, etc.
Source : Le Colporteur n° 3 - Bulletin d'information sur les boucles d'induction magnétique
(Article publié avec l'autorisation de son auteur, la société Electroacoustique consultant)
Suite : Détermination d'un système de boucle d'induction magnétique
Il faut envoyer un signal dans la boucle. Le problème de la prise de son se pose alors dans de nombreuses circonstances.
Nous allons aborder ici deux cas typiques couramment rencontrés.
Conférences - Communication
Quand une salle est équipée d'un système de conférence ou d'une sonorisation, il suffit généralement de raccorder l'amplificateur de la boucle d'induction sur le système existant.
Le raccordement s'opèrera le plus souvent à un niveau "ligne", qualifié de 0 dB, correspondant à un niveau de signal normalisé, proche de 1 Volt. La liaison sera de préférence "symétrique", standard de câblage professionnel (deux fils + écran) permettant de s'affranchir d'éventuels parasites. Les connecteurs seront le plus souvent des prises XLR à 3 broches ou des Jacks 6,35 à 3 contacts.
Certaines salles sont équipées d'un système pour conférences qui offre des fonctionnalités bien adaptées et permet d'envoyer dans la boucle d'induction un signal audio de bonne qualité. Il n'en va pas toujours de même. De nombreuses salles à vocation polyvalente disposent d'une sonorisation à demeure mais le parc de microphones et les réglages de la sonorisation sont rarement adaptés aux utilisations qui nous intéressent.
Les microphones disponibles sont souvent des microphones de chant, de technologie dynamique. Leur sensibilité et leur réponse en fréquences sont inadaptées aux besoins de type conférence. Il faut fréquemment parler très près de ces micros. Le son est grave et le niveau sonore irrégulier avec des locuteurs occasionnels. L'usage de tels micros est inconfortable et entraîne de la fatigue car l'intelligibilité est précaire. Ces microphones seront avantageusement remplacés par des microphones de conférence à col de cygne, à électrets. Plus sensibles, ceux-ci sont beaucoup mieux adaptés aux usages prévus. Il en existe de relativement peu coûteux qui offrent d'excellentes performances. Enfin, ils offrent beaucoup plus de souplesse d'utilisation.
Les microphones doivent être en nombre suffisant (au moins un micro pour deux intervenants) de façon à éviter les déplacements superflus et perturbants. Quand il n'est pas possible d'avoir suffisamment de microphones filaires, il est souhaitable de disposer de plusieurs microphones sans fil, aux caractéristiques convenables, de sorte qu'ils puissent circuler facilement entre les intervenants. Un micro à main pour la parole "parlée" doit être tenu à environ 10 cm de la bouche et être dirigé vers celle-ci, sans pour autant la cacher car la lecture labiale apporte un confort supplémentaire. Les microphones devront être directifs - cardioïdes ou hypercardioïdes - pour offrir une réjection suffisante des bruits ambiants. Au moment du choix d'un micro, privilégier les caractéristiques adaptées plutôt que la marque.
Un autre point important concerne les réglages de tonalité de la sonorisation. Dans de très nombreux cas, le registre grave est gonflé et c'est précisément ce qu'il faut éviter pour que la parole "parlée" soit intelligible. Une bonne intelligibilité de la parole "parlée" ne peut être obtenue qu'en coupant les graves assez tôt, et en mettant très légèrement en valeur la zone de tessiture de la voix, aux alentours de 2000/2500 Hertz. On dégraisse ainsi le bas du spectre en donnant de la présence à la voix. Le message s'éclaircit et gagne en intelligibilité.
Il est indispensable d'utiliser des microphones en adéquation avec les besoins.
Il est tout aussi indispensable d'adopter des réglages de tonalité adaptés qui nécessitent idéalement l'emploi d'un "égaliseur".
Théâtres
Normalement, les lieux comme les théâtres ne sont pas sonorisés.
Il faut donc prévoir un dispositif de prise de son de façon à ce que la musique, le chant et les dialogues puissent être entendus par les malentendants via la boucle d'induction.
Reprendre partiellement l'ambiance acoustique de la salle peut aussi être utile.
Réaliser une prise de son de qualité dans de telles conditions nécessite des compétences dont dispose rarement un installateur de boucles d'induction.
Plusieurs techniques de prise de son sont possibles :
- L'utilisation de microphones plats de type PZM autorise la prise de son sur de grandes surfaces. Ces micros doivent idéalement être posés au sol ou sur de grands panneaux réfléchissants situés en hauteur, ce qui en restreint l'utilisation.
- L'utilisation de microphones sensibles, avec des caractéristiques adaptées et placés judicieusement au-dessus de la scène, offre généralement de bons résultats. Certains systèmes à enrouleurs permettent de descendre les micros en fonction des besoins. Situés dans les cintres, ces systèmes peuvent malgré tout s'avérer gênants lors de la manipulation d'éléments de décors.
- L'utilisation de microphones très directifs de type "lobe", encore appelés "canons", est souvent la meilleure solution. Ces micros peuvent être placés au mieux de chaque côté de la scène, contre les balcons ou contre les murs de la salle. Il en existe avec des caractéristiques variées qui permettent de s'adapter à chaque cas rencontré.
Il est vivement recommandé, dans tous les cas, de procéder à des essais préalables pour s'assurer du bon emplacement des micros ainsi que de leur bonne adéquation aux besoins et à l'acoustique des lieux. Un type de micro qui rend bien à tel endroit peut s'avérer décevant à un autre. Ces microphones sensibles seront, de préférence, fixés avec des supports anti vibratiles afin d'assurer un découplage efficace d'éventuelles transmissions solidiennes.
Il faut être attentif au choix d'un micro à interférences de type "lobe" car le moyen d'obtenir la directivité très marquée de celui-ci entraîne parfois un léger détimbrage.
Ces microphones seront raccordés sur un mélangeur de qualité, lui-même raccordé sur l'amplificateur de la boucle d'induction. Les liaisons seront réalisées en câble micro professionnel symétrique de qualité à faible bruit.
Dans les cas de théâtres ou de salles non sonorisés, il est indispensable de prévoir un équipement de prise de son. Ceci implique le passage - pas toujours évident - de câbles entre les microphones et le mélangeur auquel ils sont raccordés.
Dans tous les cas, s'adressant à des malentendants, la prise de son devra être de haute qualité. Les caractéristiques des microphones et leurs emplacements sont importants car ils ne devront pas favoriser de zones particulières de la scène.
Il est des cas où le système de prise de son visant la scène pourra être complété par un système de prise de son de la fosse d'orchestre. Un micro d'ambiance destiné à reprendre les réactions de la salle pourra aussi s'avérer utile dans certains cas.
Cas de boucles d'induction provisoires mobiles
Les points précédemment évoqués devront être respectés dans la mesure du possible. Dans certains cas, un haut-parleur d'appoint sera utile afin que les locuteurs utilisant un microphone n'aient pas la pénible impression de parler dans le vide.
Source : Le Colporteur n° 5 - Bulletin d'information sur les boucles d'induction magnétique
(Article publié avec l'autorisation de son auteur, la société Electroacoustique consultant)
Suite : La prise de son - 2ème partie